L’art de Zoltán Zsakó est inclassable.

Sculpture donc puisque ses œuvres sont en relief, dessin aussi par la finesse du trait, mais c’est surtout une écriture. Écriture qui aurait oublié les mots pour céder directement la place à des images reliées entre elles par des paraphes exubérants, ultimes vestiges d’une langue à jamais disparue.

Son œuvre est une fantaisie totale puisqu’elle est un répertoire dévoilé de fantasmes. Jérôme Bosch revisité par Dali, mais, à l’inverse de ceux-là, Zoltán ne croit pas à un Dieu vengeur. Il n’admet ni l’enfer, ni la faute originelle. Tout est Paradis. Même lorsqu’il représente le Mal ou la violence, ses élégantes créatures s’étripent et se décapitent allègrement, certaines de bénéficier d’une inaltérable rédemption.

De ce fait, il émane de ses créations un extraordinaire
sentiment de liberté. Liberté du style appliquée à un monde imaginaire d’où toute contrainte est abolie. L’humour constant de cette représentation, parfois soulignée par un titre incongru, accentue sa vision édénique. On se prend à penser que cette vie d’éternelle jouvence et de symbiose avec les bêtes existe quelque part dans une sorte de liquide amniotique universel, un girond cosmique et généreux où, seul, Zoltán a su pénétrer.

Gérard Landrot